lundi 17 janvier 2011

Retour

Je n'arrive pas à croire que j'aie pu être aussi longtemps sans venir ici.
Il faut dire qu'écrire a, depuis toujours, fait partie de mes projets de retraite et que je voudrais bien en être encore loin.
La vie en voudra peut-être autrement.
Et le goût en est encore bien vivant, même si pour l'instant il se déverse sur mes autres blogues dont le nombre a tendance à fluctuer.

l'attente qui se poursuit

mardi 8 septembre 2009

Bonne nouvelle

À tous mes fervents lecteurs, voici que j'ai pris connaissance du début de la deuxième partie de l'original de R C. Il faut savoir que cet original (j'en suis un autre) se divise en deux seules parties d'environ 150 pages chacune.
Bref, les brefs (pour faire court) passages que j'ai lus sont rien de moins qu'excellents.
Il me faudra toutefois me livrer à une certaine gymnastique pour arriver à les insérer dans la version actuelle. Mais comme la seule gymnastique qui me soit accessible est intellectuelle, j'ai bon espoir d'y parvenir.
Et j'espère pouvoir vous livrer une version chronologique du début dans un délai de moins d'un siècle et quart.

le regain d'énergie

mardi 25 août 2009

Excuses

Il sera sans doute très frustrant de lire toutes ces pages dans le désordre.
Dès que je trouve le temps et l'énergie, j'achèterai une nouvelle cartouche pour l'imprimante et je ferai un premier découpage.

le coup de ciseaux

La naissance de Robinson

L’histoire d’amour entre Alistair Robinson et Élisabeth McAllister a débuté, du moins dans à sens unique, à l’école primaire. Plus réaliste que son jeune cavalier, la jeune fille avait immédiatement réalisé qu’il n’y avait aucun avenir dans une liaison entre un garçon de la haute et une fille de chômeur.
Tous les deux se sont perdus de vue à la fin des classes d’une septième année où il s’était classé au premier rang alors qu’elle avait échoué dans toutes les matières sauf les arts.
Il était parti conquérir l’univers édifié par son père. Elle était partie d’abord laver la vaisselle puis servir aux tables dans un restaurant de la basse ville. C’est là qu’elle s’était déniché un premier mari qui lui avait collé trois marmots avant son vingtième anniversaire et de s’enfuir avec une des ses soeurs.
Dire qu’elle a vécu dans la misère est un euphémisme, le contexte économique de l’époque laissant peu de place à l’aide aux plus miséreux. Elle a donc cumulé, au dépit de sa santé, tous les emplois qu’il lui a été possible d’obtenir exception faite de ceux qui impliquaient les relations sexuelles, complètes ou non.
Elle s’est ainsi débrouillée pour offrir un minimum d’éducation à ses enfants. Et les aider à se trouver un emploi sinon prestigieux, du moins suffisant pour fonder à leur tour une famille et être en mesure de la loger et de la nourrir décemment.
William, l’ainé, avait une formation et un emploi fiable de mécanicien.
Charles, le cadet, travaillait comme apprenti cuisinier dans un restaurant de bonne réputation.
Et Isabelle, son bébé, occupait un poste de secrétaire à la direction des entreprises Rayon.
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Et ce qui devait arriver arriva. En allant rendre visite à sa fille sur les lieux de son travail, sa trajectoire avait croisé celle d’Alistair qui a sa grande surprise l’avait reconnue et immédiatement invitée à partager un
repas avec lui. Un mois plus tard, ils partageaient, en toute légitimité, le même lit.
Et ce qui devait arriver arriva. Malgré une quarantaine bien établie, Élisabeth s’est rapidement retrouvée enceinte pour trop rapidement donner naissance à une grande prématurée aux malformations multiples dont le tour de piste n’avait duré que quelques minutes mais laissé des traces profondes dans la vie de sa maman.
Elle était bien déterminée à mettre un terme à ses fonctions reproductrices mais encore une fois elle fût prise de cours par une dernière grossesse dont le seul résultat positif allait être la naissance tumultueuse de Robinson. Un problème d’atonie utérine avait nécessité une césarienne d’urgence que la mère semblait pourtant avoir bien tolérée.
Mais la période post-partum devait s’avérer la quintessence de la catastrophe.
Elle avait immédiatement refusé de voir son fils dont elle niait la maternité pour définitivement basculer dans une psychose qu’aucun traitement ne devait être en mesure d’atténuer.
Il fallût donc se résoudre à la placer dans un asile où on pût au moins assurer son confort et sa sécurité. Elle y vécut une dizaine d’années, recevant chaque dimanche après-midi la visite d’un mari dont la persévérance ne fût jamais récompensée. Une visite qu’Alistair ne fût jamais autorisé à faire de sorte qu’il ne connût de sa mère qu’une poignée de photographies qui rendaient un hommage insipide à l’éclat de sa beauté.
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Robinson fût donc élevé par une équipe de gouvernantes, sans jamais s’attacher à l’une d’entre elles. On le décrivait comme un enfant intelligent mais taciturne, cherchant sans cesse à s’isoler pour jouer avec tous les blocs de construction ou tout ce qu’il pouvait utiliser pour élaborer des immeubles de plus en plus complexes. On le croyait destiné à l’architecture mais l’édifice qu’il allait construire ne reposerait qu’en partie sur l’immobilier

Six mois

Les médecins ne sont pas très enclins à parler de miracle. Il n’en reste pas moins qu’ils sont stupéfaits par l’amélioration imprévisible et imprévue de son état de santé. Comment se fait-il que cela se produise chez le plus fortuné de tous les citoyens ? On ne va pas jusqu’à dire qu’il a vendu son âme au diable mais certains ne sont pas loin de le penser.
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Alistair réalise qu’il se sent mieux, mais le caractère miraculeux et temporaire de ce sursis lui échappe entièrement. Ce qui ne l’empêche pas de modifier ses habitudes : moins de tabac, moins d’alcool, une alimentation plus saine même s’il ne croit pas vraiment que nos connaissances en diététique soient suffisantes pour être fiable.
Plus de modération aussi sur le nombre d’heures travaillées, consacrées exclusivement à son fils, le plus souvent par la lecture des innombrables rapports qu’on lui fournit sur sa progression. Une progression étonnante mais dont il devine que la facture sera lourde. Il n’a pas plus étudié la psychologie qu’il n’a étudié l’administration, la comptabilité ni tout autre domaine connexe qui aurait plus lui être utile pendant sa carrière mais cela ne l’a pas empêché de faire fortune. Son expérience lui indique que personne ne pourrait supporter aussi longtemps le stress que subit Robinson. Qui au lieu d’essayer de se ménager, pèse constamment sur l’accélérateur indifférent ou inconscient du risque de plonger dans le décor.
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Robinson réalise sa grande fatigue sans en évaluer l’ampleur ni les répercussions. Il se sent fort parce qu’il résiste au désir de chercher refuge dans l’alcool.
Il ne se préoccupe pas outre mesure du fait qu’il ne réussit à s’assoupir quelques heures qu’après qu’une femme de ménage se soit chargée de faire le plus intime des siens.
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La relation entre le père et le fils est cordiale. Le seul point sur lequel ils sont en conflit larvé est le nombre d’heures hebdomadaires qu’il consacre au travail. Toutes les tentatives de le déléguer à des activités sociales ou culturelles rencontrent le même refus courtois mais obstiné.
Les relations entre le fils et ses principaux collaborateurs est toutefois beaucoup plus difficile. Il se montre facilement irascible, exige tout ce qu’il souhaite dans des délais déraisonnables et semble limiter la courtoisie à son père. Après avoir brûlé trois secrétaires en quelques semaines, il a été décidé de lui en allouer trois dans l’espoir qu’elles puissent le tolérer un peu plus longtemps. Et si cela ne résous pas le problème, il est déjà entendu que le secrétariat sera réservé à des candidats masculins.
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La motivation de Robinson n’a rien à voir avec l’argent, ou si peu que cela ne vaut pas la peine de le mentionner. Son objectif principal est de consolider puis d’étendre autant que possible l’entreprise familiale. Et son but ultime restera toujours le même : reconquérir une estime de lui-même. Son ego a été abimé par ce qu’il a perçu comme le mépris de son père. Les blessures de l’amour-propre peuvent être profondes mais chez Robinson on a l’impression qu’elles ont aussi été mutilantes. Et que le stress auquel il est soumis, et que le stress auquel il se soumet ne fait qu’aggraver la situation. Il lui reste d’ailleurs suffisamment de lucidité pour réaliser que tout ne tourne pas rond mais la seule solution qu’il arrive à concevoir est d’accélérer la cadence de son travail. L’exemple parfait d’un cercle vicieux.
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Pour aggraver, si besoin était, la situation. Robinson enregistre succès et coups d’éclat. Bien que sa stratégie soit plus agressive que celle de son père, il est clair qu’il y a une communauté d’esprit, une même capacité d’analyse, et ce qui distingue leur vision passe, pour l’instant, comme négligeable.
Si quelques-uns sont tentés d’attribuer ses gains au hasard ou à la chance du débutant, personne ne peut alléguer que sa réussite survient dans un contexte favorable. Si les périodes de prospérité favorisent les gains des investisseurs, elles se prêtent peu à la prise de contrôle d’entreprises en difficulté.
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États d'âme

Zoé ne se l’avouera jamais, et encore moins à qui que ce soit, mais elle est silencieusement rongée par son petit écureuil.
Ce Robinson, malgré, ou peut-être même à cause de son inertie, avec, en prime, son visage harmonieux et somme toute sympathique, sa stature virile, ses yeux bleus, son esprit vif, ce Robinson constitue un excellent parti.
Même s’il était petit, laid, atteint d’un furieux strabisme et d’un intellect poreux, un homme aussi riche ne sera jamais dénué d’intérêt.
Alors qu’est-ce qu’elle risque ? Un mariage expéditif ne peut mener qu’à deux destinations : une union heureuse jusqu’à ce que la mort les sépare ou un divorce tout aussi expéditif mais d’une rentabilité éblouissante.
Il ne lui reste qu’à trouver le moyen de parvenir à ses fins.
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Celle-là, il la veut. Pas pour une partie de jambes en l’air, enfin pas seulement pour ça.
Elle est jolie, mais surtout racée : une authentique panthère noire, avec cette allure du fauve qui va sauter sur sa proie sans lui laisser la moindre chance de s’enfuir.
Alors il est prêt à considérer un mariage expéditif qui ne peut mener qu’à deux destinations : une union heureuse jusqu’à ce que la mort les sépare ou un divorce tout aussi expéditif mais sa connaissance du droit lui permet d’identifier des moyens de limiter les dégâts. Un investissement qui comporte des risques sans doute mais il est prêt à mettre toutes ses billes dans le même panier.
Il ne lui reste qu’à trouver le moyen de parvenir à ses fins. Et de déjouer la vigilance de ses geôliers.
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Par souci d’équité dans le cas de Zoé et par prudence dans celui de Robinson, ils arrivent tous deux à la même conclusion : un mariage célébré dans la plus stricte intimité pour ne pas dire dans le plus grand
secret. Et pas question de consommer leur union avant d’en avoir négocié toutes les modalités.
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Malgré tout ce que lui dit sa raison, elle sent bien que les choses ne seront pas si simples. Qu’il lui faudra de l’énergie et du courage pour affronter ce qui l’attend, mais qu’elle a indubitablement une chance de gagner. Elle espère surtout qu’à la fin du parcours, il y ait un enfant. Et que cet enfant ne soit pas son conjoint

La chute

C’était pourtant prévisible. Au cours des dernières semaines, la période de grâce d’Alistair s’est terminée. La détérioration qu’il a longtemps remise à plus tard, par une combinaison de chance et de volonté tire à sa fin.
Il dispose des ressources nécessaires pour lui éviter de séjourner en milieu hospitalier ou même dans une maison de soins palliatifs. Comme le veut l’adage populaire, il en est rendu à la morphine.
Maintenant qu’il réalise enfin qu’il va bientôt mourir, il voit la vie, sa vie, sous un tout autre angle. C’est quoi la réussite ? Bâtir un complexe si complexe que plus personne ne peut s’y retrouver ? Accumuler des milliards de dollars ? La fortune, ça se compte en quoi, en argent, en victoires, en conquêtes, en orgasmes ? La fortune se n’est pas seulement ce que l’on a gagné mais c’est aussi, et surtout, ce que l’on a donné. Et c’est ce qui préoccupe Alistair maintenant. Ce qu’il a légué de connaissance, de sagesse, d’expérience à son fils sera-t-il suffisant pour qu’il affronte ce que la vie lui demandera d’affronter ?
Pour l’aisance financière, l’avenir est assuré. Mais pour le bonheur ?
En même temps, Alistair réalise à quel point il a été heureux. Bien sûr, il a connu de grands malheurs, au premier rang la perte de la seule femme qu’il ait aimé, mais il a surtout été heureux de faire ce qu’il voulait faire, d’accomplir ses rêves les plus insensés, d’atteindre l’inaccessible étoile.
*
Si les triomphes se savourent en groupe, et si on peut partager son chagrin, les larmes ne prennent toute leur signification que dans la solitude.
Quoiqu’en dise ses médecins, Alistair exige qu’on le laisse seul. Il est habitué à ce que ses ordres, sa volonté, ne soient jamais contestés. Et tout ce que la médecine peut lui offrir maintenant, c’est le confort et la dignité. Cela peut sembler peu, mais il est une étape de la vie où rien n’importe d’avantage. Et Alistair n’a plus rien d’autre à demander. Il pourrait exiger que l’on mette un terme à sa déchéance, et il accepterait mal qu’on résiste à cette demande s’il la jugeait nécessaire, mais il n’en
est pas là. Il ne s’interroge même pas sur les raisons qui l’amènent, lui en fin de compte si orgueilleux, de se voir dépérir de la sorte. Un juste retour des choses peut-être. Peut-être aussi parce que les opioïdes qu’il reçoit provoquent une douce euphorie. Parce que lorsque vient l’heure des derniers jours, les priorités changent. Et à sa plus grande surprise, ce qu’il désire par-dessus tout maintenant, c’est de revoir Zoé une dernière fois.
*
Zoé accueille avec une gamme complexe d’émotions, l’invitation d’Alistair.
L’intuition féminine est peut-être un mythe, mais elle ne peut s’empêcher avec lequel elle s’est finalement toujours bien entendue. Un homme admirable à bien des égards, dont aucun n’est relié à sa fortune. Un homme de tête et un homme de coeur.
C’est sans la moindre appréhension qu’elle retourne auprès d’un maître qui n’est pas le sien.
*
Zoé.
Sa voix est réduite à sa plus simple expression. Mais la lumière de ses yeux trahit sans pudeur sa joie de la revoir.
Il prend sa main dans les siennes avec une tendresse qu’il n’a pas connue depuis si longtemps. Les idées se bousculent dans sa tête mais peu de mots atteignent sa bouche. Une sélection des plus importants. Quand vient le temps de la dernière chance, on jurerait que l’instinct l’emporte sur l’intellect.
- Chérie, tu as été la lumière de ma déchéance. Le seul espoir d’une prolongation de ma lignée. La seule chance qui reste à mes gènes de se perpétuer. Si je pouvais encore bander, je n’oserais te le dire, mais je t’aime Zoé. Tu seras la seule chose que mon fils a eue et que j’aurais voulu avoir et à laquelle je dois maintenant renoncer.
- Alistair, vous êtes un vieux libidineux incorrigible. Mais je vous aime bien et j’aurais bien aimé vous aimer encore longtemps.
Zoé, pourtant pudique, lui offre, en guise de cadeau d’adieu, une vue imprenable sur une intimité qu’elle n’aura partagé qu’avec un seul
homme. Et, curieusement, le geste n’a rien de vulgaire. Il relève plus de l’instinct que de la réflexion. Les yeux du vieux s’éclairent et refont leur focus sur le corsage de la femme qui se penche pour lui donner un chaste baiser sur le front. Zoé vient de payer un dernier tribut à la testostérone. Elle est maintenant prête à assumer son côté animal. Elle se languit de son homme. Les échos qu’il a éveillés en elle continuent de se répercuter.
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Il ne le sait pas encore, mais Alistair ne parlera plus. Une dernière complication aura eu raison de l’aire du cerveau où siège la parole. Maintenant qu’il est à jamais muet Alistair, qui garde toute sa raison, se réjouit que ses derniers mots aient été pour cette femme. À Robinson, il n’aurait jamais su quoi dire.
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Les jours passent, Alistair reste. Graduellement, la lumière de ses yeux se tamise mais un reflet persiste qui traduit le plaisir qu’il éprouve de persister encore un peu. Il apprécie chaque minute qu’il arrache au néant. Il ne croit pas à la vie après la vie mais loin de l’inquiéter, cette perspective le rassure. Il n’a aucun intérêt pour une vie éternelle. Ce qui fait la valeur de la vie a toujours été pour lui sa dimension éphémère. Ce que l’on peut avoir en quantité illimitée n’a que peu de valeur, même l’argent. Surtout l’argent. C’est ce qui fait la valeur du temps que l’on donne, infiniment plus précieux que l’or, l’encens ou la myrrhe. C’est aussi ce qui fait la valeur de l’amour, le plus intangible des trésors. Et la croyance populaire qu’il ne s’achète pas est un rare joyau de sagesse.
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Lui, qui a toujours vécu à toute vitesse, se meurt à petit feu et c’est une joie dont il n’avait pas soupçonné l’existence. Il découvre, tardivement, les bienfaits de la méditation. Son esprit se libère de toute préoccupation. Il se contente d’être encore un peu. D’être encore un peu un être pensant, dont la mutité le dispense d’avoir des derniers mots mémorables.
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Ses derniers mots, ils ont été prévus dans son testament et on pourra les lire sur l’urne funéraire : j’ai fait de mon mieux.
Et quand on a le privilège de quitter ce monde avec la conviction d’avoir donné son plein rendement, la douleur du départ s’évapore.
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Les doses de morphine sont les mêmes depuis plusieurs semaines, et c’est à tort qu’on leur attribue les vapeurs qui envahissent son esprit. L’angoisse de mourir s’estompe dans la nébulosité croissante de sa conscience. L’expérience devient psychédélique comme si on lui avait administré par erreur quelque drogue dure. Entre le monde des réels et le silence éternel qui l’attend, il plane. Tout comme son corps, son esprit est confortable, inconscient de sa position sur la rampe de départ.
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Les râles ont conquis son arbre respiratoire mais il n’est plus en mesure de le réaliser. L’avenir de son corps se compte en heures mais il ne reste plus de trace de sa conscience. Il n’est pas encore tout à fait mort mais sa vie est tout à fait finie. Il ne laisse ni remord, ni regret. Rien n’est parfait et c’est très bien ainsi.
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La nuit avance, accompagne le temps qui passe. La respiration s’est accélérée. Le coma est profond. Les doses de narcotique ont été augmentées. Il n’est plus question de confort, c’est maintenant affaire de dignité.
Les pupilles finissent par se dilater. La respiration à ralentir puis à s’arrêter. Un stéthoscope sur sa poitrine perçoit les derniers bruits cardiaques. C’est fini.
Vraiment ?
*
La brume, la buée, la vapeur, l’évaporation. On ne réalise jamais que l’on n’est plus, que la lumière est, définitivement, éteinte. Cela est juste et bon.