mardi 25 août 2009

La naissance de Robinson

L’histoire d’amour entre Alistair Robinson et Élisabeth McAllister a débuté, du moins dans à sens unique, à l’école primaire. Plus réaliste que son jeune cavalier, la jeune fille avait immédiatement réalisé qu’il n’y avait aucun avenir dans une liaison entre un garçon de la haute et une fille de chômeur.
Tous les deux se sont perdus de vue à la fin des classes d’une septième année où il s’était classé au premier rang alors qu’elle avait échoué dans toutes les matières sauf les arts.
Il était parti conquérir l’univers édifié par son père. Elle était partie d’abord laver la vaisselle puis servir aux tables dans un restaurant de la basse ville. C’est là qu’elle s’était déniché un premier mari qui lui avait collé trois marmots avant son vingtième anniversaire et de s’enfuir avec une des ses soeurs.
Dire qu’elle a vécu dans la misère est un euphémisme, le contexte économique de l’époque laissant peu de place à l’aide aux plus miséreux. Elle a donc cumulé, au dépit de sa santé, tous les emplois qu’il lui a été possible d’obtenir exception faite de ceux qui impliquaient les relations sexuelles, complètes ou non.
Elle s’est ainsi débrouillée pour offrir un minimum d’éducation à ses enfants. Et les aider à se trouver un emploi sinon prestigieux, du moins suffisant pour fonder à leur tour une famille et être en mesure de la loger et de la nourrir décemment.
William, l’ainé, avait une formation et un emploi fiable de mécanicien.
Charles, le cadet, travaillait comme apprenti cuisinier dans un restaurant de bonne réputation.
Et Isabelle, son bébé, occupait un poste de secrétaire à la direction des entreprises Rayon.
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Et ce qui devait arriver arriva. En allant rendre visite à sa fille sur les lieux de son travail, sa trajectoire avait croisé celle d’Alistair qui a sa grande surprise l’avait reconnue et immédiatement invitée à partager un
repas avec lui. Un mois plus tard, ils partageaient, en toute légitimité, le même lit.
Et ce qui devait arriver arriva. Malgré une quarantaine bien établie, Élisabeth s’est rapidement retrouvée enceinte pour trop rapidement donner naissance à une grande prématurée aux malformations multiples dont le tour de piste n’avait duré que quelques minutes mais laissé des traces profondes dans la vie de sa maman.
Elle était bien déterminée à mettre un terme à ses fonctions reproductrices mais encore une fois elle fût prise de cours par une dernière grossesse dont le seul résultat positif allait être la naissance tumultueuse de Robinson. Un problème d’atonie utérine avait nécessité une césarienne d’urgence que la mère semblait pourtant avoir bien tolérée.
Mais la période post-partum devait s’avérer la quintessence de la catastrophe.
Elle avait immédiatement refusé de voir son fils dont elle niait la maternité pour définitivement basculer dans une psychose qu’aucun traitement ne devait être en mesure d’atténuer.
Il fallût donc se résoudre à la placer dans un asile où on pût au moins assurer son confort et sa sécurité. Elle y vécut une dizaine d’années, recevant chaque dimanche après-midi la visite d’un mari dont la persévérance ne fût jamais récompensée. Une visite qu’Alistair ne fût jamais autorisé à faire de sorte qu’il ne connût de sa mère qu’une poignée de photographies qui rendaient un hommage insipide à l’éclat de sa beauté.
*
Robinson fût donc élevé par une équipe de gouvernantes, sans jamais s’attacher à l’une d’entre elles. On le décrivait comme un enfant intelligent mais taciturne, cherchant sans cesse à s’isoler pour jouer avec tous les blocs de construction ou tout ce qu’il pouvait utiliser pour élaborer des immeubles de plus en plus complexes. On le croyait destiné à l’architecture mais l’édifice qu’il allait construire ne reposerait qu’en partie sur l’immobilier

1 commentaire:

  1. Avec Cinar qui va en appel, Robinson est toujours présent dans l'actualité. Je continue mon récit là où j'étais rendue.

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