mardi 25 août 2009

la réaction

La réaction d’Alistair
Alistair savoure un de ses scotchs préférés, un Highland Park hors d’âge. Il en a toute une collection dont certains ne sont justement que cela, des pièces de collection, destinées à être possédées sans jamais être bues.
En même temps, il s’offre un plaisir interdit, du moins par ses médecins, un Havane de toute première qualité.
Et seul dans son bureau, il se laisse aller à une activité encore plus rare : la jubilation. C’est comme si les deux hémisphères de son cerveau applaudissaient l’émancipation de son grand dadais.
Que Robinson ait réussi à déjouer le filet pourtant serré et parvienne à se marier sur ce qui semble être un coup de tête mais qui est probablement plus un geste réfléchi pour obtenir une certaine émancipation le laisse pantois.
Il ne faut pas négliger la possibilité que cette Zoé soit plus diabolique qu’il n’y parait à première vue, mais les rapports préliminaires sont catégoriques. Cette bonne femme, bien que vraisemblablement motivée par l’appât du gain, ce à quoi il n’oppose aucune objection dans la mesure où elle ne cherche pas qu’à faire un coup d’argent en demandant le divorce quelques mois voire quelques semaines après le mariage, cette bonne femme donc ne manque pas de sang-froid et il espère simplement qu’elle ne sera pas une béquille dont Robinson ne pourra se passer pour poursuivre sa carrière.
Parce qu’il n’y a pas que ce mariage qui vient perturber ses plans. Bien qu’il n’ait que soixante-douze ans, les rapports de ses médecins ne laissent planer aucun doute sur la nécessité d’accélérer le processus de passation des pouvoirs. La vie lui présente la facture pour toutes ces années d’abus, et cela aussi, c’est de bonne guerre.
Le problème vient toutefois du fait qu’il ne lui est plus possible de maintenir son rythme de travail et qu’il a transféré à tous ses subalternes fiables les responsabilités qu’il entend leur confier. Mais ce qui lui reste comme fonctions devient rapidement trop lourd pour son corps chancelant et il est plus que temps d’amorcer la formation de son fils. Il a attendu aussi longtemps que possible parce qu’il n’a qu’une
confiance des plus limitées envers son seul héritier qui n’a pas hérité de ses qualités de gestionnaire et de visionnaire.
Se sentant pressé par le temps, il résiste à la tentation d’interrompre immédiatement ce voyage de noces. Combien de temps faut-il laisser aux tourtereaux ? Il faudra le demander à sa directrice des ressources humaines, la seule femme de son comité de direction.
Et il a bien hâte de rencontrer cette femme qu’il devine ou du moins espère exceptionnelle.

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